Une promesse attendue

Le Réseau est né après les Maisons, il est né des Maisons, il est Rhizome et non Racine, horizontal et non vertical. Il existe grâce à l’investissement de plus de centaines de bénévoles œuvrant quotidiennement sur le territoire français, pour transmettre la culture architecturale, pour aguerrir au sens commun dès le plus jeune âge, pour satisfaire les curieux, les passionnés mais surtout faire valoir l’architecture comme lien, capable de réconcilier les valeurs qui lui sont intrinsèques : sociales, culturelles, artistiques, intellectuelles, structurelles et aussi politiques, par des actions pédagogiques dans les classes, des résidences, des expéditions urbaines, des visites de bâtiments, des conférences, des colloques, des débats, des expositions, des voyages, des festivals, des croisements de disciplines.

Convaincu que l’architecture, l’urbanisme et le patrimoine (historique et contemporain) agissent sur la durabilité, la cohésion sociale, la citoyenneté et le mieux-vivre ensemble, le Réseau a un objet d’intérêt général, notamment culturel, artistique et d’amélioration de la connaissance du patrimoine, visant à mettre en œuvre toutes les actions utiles ou nécessaires. Par sa mission fédératrice, la création et la mutualisation d’outils solidaires, la mise en commun de savoir-faire, il aide à déployer et pérenniser des actions territoriales à l’échelle nationale.

La création du Prix du Réseau, comme palmarès des architectures engagées prend tout son sens au regard des valeurs que nous partageons : transmettre, valoriser, montrer, partager, convaincre, sensibiliser, etc. Tout ce qui fait sens entre corps et espace - tout ce qui nous ramène à la question essentielle et sa conscience indispensable : comment habiter et mieux habiter notre vaisseau terrestre en mouvement - confinés que nous sommes face à ses ressources diminuées.

L’architecture est un art social ou mieux encore un acte social et spatial. Nous souhaitons fabriquer une culture architecturale urbaine et territoriale partagée, et révéler l’architecture comme acte social auprès de tous.

Le prix se veut le témoin et le relai des mutations à l’œuvre dans le secteur de l’architecture. Il souhaite mettre en valeur la diversité des pratiques architecturales, au-delà des traditionnels prix de bâtiments, s’intéresser aux attitudes, postures, engagements ou actions en matière de création et médiation et valorisation de la culture architecturale, sous différents prismes. Mais aussi et surtout être le reflet de l’architecture contemporaine que nous croisons quotidiennement, à toutes les échelles et qui demeure peu valorisée à ce jour.

Le prix veut montrer l’exemple, pour inciter de nouvelles attitudes, récompenser et encourager, en valorisant tous les acteurs qui œuvrent à la sensibilisation et à l’évolution des pratiques architecturales et urbaines sur tout le territoire.

Le Réseau par sa nature rhizomatique, s’appuie sur le savoir-faire des 33 Maisons qui le constitue, et souhaite apporter par ce prix, la valorisation du milieu de la médiation, du processus de création, des actions, et du récit qui fait Architecture. C’est la conjugaison des singularités qui fait pluriel !

Le prix récompensera tous les deux ans, une action réalisée qui rappelle l’importance du rôle que joue d’architecture dans la construction et la cohésion de notre société. Cette première édition propose de valoriser des actions liées au thème « Habitants et Espaces ».

Habiter est le propre de l’espèce humaine. L’habitation constitue le trait fondamental de l’existence humaine, ce qui le distingue de la manière d’être des autres vivants. Les lieux que nous habitons nous installent dans une relation de proximité avec le monde en créant des espaces hospitaliers. Hanna Arendt, insiste sur la notion d’accoutumance et de lente appropriation et nous rappelle que « Habiter » et « Habitude » possèdent la même racine. Ils engagent notre manière d’être au monde. Habiter implique d’être, de s’abandonner, de se laisser aller pour réduire peu à peu la distance entre nous-mêmes et notre milieu. « Ce n’est qu’en l’habitant que l’on fait véritablement d’une maison une maison. »

Avoir un chez Soi permet de devenir soi-même. Il nous donne un emplacement et des limites à partir desquelles nous pouvons asseoir notre soi. On ne peut être soi qu’en étant tourné vers le dehors, c’est à dire en habitant. Dans l’habitation se joue donc une dimension essentielle de la condition humaine. Car habiter c’est être sur terre, c’est demeurer, c’est aussi ménager son environnement, en prendre soin. Pour Thierry Paquot, philosophe, l’architecture c’est « l’attente d’une présence » !

L’architecture, plus que jamais, doit être en mesure d’accompagner l’humanité dans le changement existentiel qu’elle doit accomplir, pour pouvoir habiter demain. Nous devons dépasser les standards, pour cela il nous faut créer des situations de plaisir ; et apprivoiser ensemble une nouvelle sagesse de l’habiter. Notre demeure doit être ancrée et en même temps ouverte au cosmos, nous permettre de rêver aussi.

Tout un programme social qui porte l’architecture à sa plus haute valeur : l’abri de nos vies.

Le sens de la communauté vient de l’habitat.

« Tous pour l’architecture ! »

Anne-Sophie KEHR

Présidente du Réseau des maisons de l'architecture

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